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Perspectives 2025-2026 pour l’économie française, européenne et mondiale
sous la direction d’Eric Heyer et de Xavier Timbeau
Département Analyse et Prévision
France : L'incertaine croissance
Alors que le contexte national et international a largement évolué au cours des derniers mois, la croissance française devrait atteindre 0,5 % cette année puis 1,1 % en 2026.
La révision à la baisse de la croissance (de -0,3 % par rapport à notre prévision de l’automne 2024) s’explique principalement par une hausse de l’incertitude sur le plan national faisant suite à la censure du budget ainsi que la hausse des tensions géopolitiques depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.
Ainsi, malgré une consolidation budgétaire deux fois plus modérée que celle prévue dans le Projet de Loi de Finances 2025 (passant de -0,8 point à -0,4 point de PIB d’impact sur l’activité), la croissance ne serait pas pour autant plus dynamique en raison de cette forte remontée de l’incertitude. Cela se traduit par un niveau d’épargne particulièrement élevé et d’un investissement qui reste en berne malgré la baisse des taux directeurs de la BCE.
À noter par ailleurs que l’impact positif de la politique monétaire est également plus modéré que prévu précédemment en raison d’un découplage entre les taux à court terme et ceux à long terme, limitant la baisse du coût du capital pour les entreprises ainsi que la transmission à taux de crédits plus bas pour les ménages.
International : climats hostiles
La croissance mondiale en 2024 fut de nouveau marquée par le dynamisme de l’économie américaine. Inversement, malgré le recul des prix de l’énergie, la croissance est restée atone dans la zone euro, en particulier en Allemagne, même si d’autres pays comme l’Espagne ont maintenu une dynamique plus favorable. L’inflation a poursuivi sa baisse, ce qui a conduit les banques centrales à mettre un terme au resserrement monétaire puis à baisser légèrement leurs taux directeurs. La perspective des hausses des droits de douane devrait freiner la désinflation et même accroître l’inflation aux États-Unis. Il en résulterait un ralentissement du commerce mondial tandis que les ménages verront leur pouvoir d’achat amputé par cette taxe supplémentaire sur les importations. La croissance mondiale sera donc freinée, d’autant plus que les pays sont dépendants du marché américain pour leurs exportations. Dans ces conditions, les banques centrales devront de nouveau arbitrer entre leur objectif de stabilité des prix et la croissance. À court terme, la multiplication des annonces de hausses de droits de douane accroît fortement l’incertitude. La croissance mondiale sera plus faible en 2025 et 2026, mais résisterait grâce au soutien de la politique monétaire. Par ailleurs, le soutien budgétaire sera moindre qu’anticipé aux États-Unis du fait des coupes annoncées sur les dépenses publiques. En Europe, la poursuite de la guerre en Ukraine et des tensions avec la Russie conduiront à des hausses des dépenses militaires. L’orientation de la politique budgétaire sera moins restrictive et même expansionniste en Allemagne qui s’engage dans un plan de relance.
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