En 2023, la croissance des économie émergentes et en développement s’est maintenue à 4 % avec de fortes disparités régionales. Après une année 2022 à 3 %, l’activité chinoise a rebondi à un rythme de 5,2 % tandis que celle dans le reste de l’Asie continuait de progresser autour de 5,4 %. A l’inverse, l’Amérique latine a vu sa croissance divisée de moitié, à 1,9 % en moyenne cette année-là. En 2024 et 2025, la croissance de cette partie du monde baisserait légèrement, principalement entrainée par la Chine. Le reste de l’Asie résisterait plutôt bien avec une croissance autour de 5 %. En Amérique latine, la dégradation à 1,1 % en 2024 puis 1,9 % en 2025 est surtout imputable à deux grandes économies de la région (Argentine, Mexique), la situation dans les autres économies s’améliorant.
Globalement, la croissance en Asie hors Chine est restée relativement dynamique et le restera en 2024 et 2025. Toutefois, malgré cette performance, le PIB de l’Asie hors Chine n’est pas revenu au niveau qu’il aurait eu si la croissance depuis 2020 s’était maintenue sur sa tendance pré Covid. C’est le cas pour la Corée du sud, et surtout Hong Kong qui accuse un net retard, mais aussi les pays du groupe des tigres (Malaisie, philippines, Thaïlande, …). Même l’Inde malgré un dynamisme qui se poursuit, reste légèrement en deçà. En Amérique latine, le PIB régional aurait dépassé ce niveau, porté par les bonnes performances du Brésil et de la Colombie, les autres pays n’ayant pas encore effacé les effets des crises récentes (graphique 1) .
A l’exception de quelques pays en crise (Argentine, Venezuela), l’inflation a reflué partout dès 2023. En Asie, elle est revenue à l’intérieur de la bande définie par les banques centrales dans le cadre de leur politique d’inflation targetting mais reste encore très supérieure en Amérique latine. Malgré tout, ce reflux a permis la baisse des taux d’intérêt nominaux en Amérique latine (le dernier pays à l’avoir fait étant le Mexique en début d’année). En Asie par contre, le mouvement vient seulement de commencer (Indonésie et Philippines), en ligne avec la détente des taux aux États-Unis. La politique monétaire y est malgré tout peu restrictive, voire neutre, à la différence de l’Amérique latine où les taux réels restent très élevés.
Dans ce contexte, les perspectives pour 2024 et 2025 restent contraintes à la fois par des facteurs internes et externes. Sur le plan intérieur, les politiques monétaires resteront contraintes par le risque d’une reprise inflationnistes, notamment en Amérique latine. La baisse prévue des taux d’intérêt aux États-Unis relâchera la pression sur les taux de change face au dollar et permettra aussi aux banques centrales de baisser les taux. Pour l’heure, la volatilité sur le marché des changes est forte mais les monnaies sont plutôt bien positionnées en termes de compétitivité. Sur le plan externe, la conjoncture internationale n’est guère porteuse. La baisse de la croissance aux États-Unis et en Chine devrait affecter les exportations des pays émergents qui réalisent pour beaucoup d’entre eux près de 40 % de leurs exportations avec ces deux grands pays (près de 90 % pour le Mexique et 55 % pour le Chili) (graphique 2). Par ailleurs, la stratégie offensive de la Chine qui s’appuie sur des prix faibles pour gagner des parts de marché sur les marchés tiers devrait se poursuivre, au détriment de ses concurrents. Enfin, après la flambée de 2021-2022, les prix des matières premières sont revenus à des niveaux plus modérés et devraient le rester, ce qui est favorables aux pays importateurs (principalement d’Asie) mais défavorables aux pays exportateurs (principalement d’Amérique latine).