Le climat politique en Espagne continue de se détériorer. En juillet, le président Pedro Sánchez a de nouveau été fragilisé par un scandale de corruption. Déjà affaibli, il n’a pas réussi à réunir une majorité suffisante pour faire adopter un budget, conduisant le pays à entamer une deuxième année consécutive sans loi de finances.
Comme en 2025, l’Espagne fonctionnera très probablement en 2026 avec une prolongation automatique du budget de 2023. Ce mécanisme, prévu par la législation espagnole, ne limite pas le nombre d’années de reconduction. Dans les faits, l’essentiel des dépenses publiques est prédéterminé (retraites, salaires des fonctionnaires, allocations chômage), et environ 8 à 10 % des crédits peuvent être réaffectés par le gouvernement. Cette flexibilité, combinée à la croissance soutenue, à des recettes fiscales en hausse et à l’afflux de fonds européens post-Covid, permet d’éviter une crise budgétaire immédiate.
Cette incertitude politique pèse néanmoins sur les chefs d’entreprises nationaux. Beaucoup redoutent une perte de confiance et un ralentissement des investissements, freinant certaines décisions stratégiques et projets de développement.
Pour les investisseurs étrangers, la situation reste toutefois moins préoccupante. La solidité économique de l’Espagne est confirmée par les marchés : en septembre 2025, les agences de notation Fitch et Moody’s ont relevé la note souveraine du pays, suivant S&P quelques jours plus tôt. Avec ces relèvements, l’Espagne retrouve la catégorie la plus haute des « A », ce qui lui permet de financer sa dette publique à de meilleures conditions.
Cette reconnaissance traduit la confiance dans le dynamisme de court terme de l’économie, soutenu par la consommation, le tourisme et l’afflux de capitaux européens. Mais elle masque en partie la fragilité sous-jacente du modèle de croissance. L’absence de majorité parlementaire solide rend difficile l’adoption de réformes structurelles de long terme, pourtant indispensables pour diversifier l’économie et réduire ses vulnérabilités. Qu’il s’agisse de la réforme du marché du travail pour réduire durablement le chômage, de la modernisation du système des retraites, du renforcement des infrastructures énergétiques ou de mesures pour stimuler la productivité et contenir la flambée des prix du logement, de nombreux dossiers restent bloqués.
Sans ces réformes, l’Espagne risque de voir sa croissance de long terme limitée, malgré la stabilité apparente à court terme.