1 Le rebond du commerce extérieur a fortement contribué à la croissance en 2023 et 2024
Le commerce extérieur a connu un redressement significatif en 2023 et 2024 et a fortement contribué à la croissance française sur cette période avec des contributions positives de respectivement 1 et 1,2 point de pourcentage à la croissance du PIB. Conséquence de ce rebond, le solde courant est redevenu excédentaire en 2024. alors qu’il était déficitaire de 37 milliards d’euros en 2022, soit 1,4 poitns de PIB. Les années 2023 et 2024 se sont caractérisées à la fois par une hausse des exportations et une baisse des importations.
La hausse des exportations n’est pas une surprise. Une partie des chocs de la période 2020-2022 était temporaire. Les exportations d’électricité, de produits de luxe, de services touristiques, et de produits de l’industrie aéronautique ont récupéré une partie de leurs pertes voire dépassé leur niveau d’avant COVID. La baisse des importations reflète en partie la faible croissance de la demande intérieure. Cependant, la dynamique des importations n’est pas seulement liée à des effets d’activité. Après une forte hausse entre 2019 et 2022, le taux de pénétration a diminué, en lien avec le fort mouvement de déstockage observé en 2023 et 2024.
2 Un trou d’air au premier semestre 2025
Cette configuration favorable s’est inversée au premier semestre 2025. Les exportations ont diminué de 1,2 % au premier trimestre et n’ont récupéré que très partiellement au deuxième trimestre avec une progression de 0,5 %. L’acquis annuel est négatif de 0,3%. A l’inverse, les importations croissent de nouveau depuis la mi 2024 et présentent un acquis positif de 2,4%. La hausse des importations est en partie liée à un phénomène de reconstitution des stocks. La baisse des exportations est notamment liée à une baisse des livraisons de matériel de transport. Si les exportations aéronautiques sont restées dynamiques, les produits de la construction automobile ont connu une contre performance. Pour le premier trimestre les secteurs de la pharmacie et de la chimie ont également contribué négativement.
Le commerce extérieur français semble pour le moment relativement peu affecté par la guerre commerciale. La France est peu exposée directement au marché américain qui représente environ 8% de ses exportations en marchandises. Elle bénéficie également de l’exemption de droits de douane pour les produits de la construction aéronautique. On note une progression des importations chinoises en biens (+6% entre janvier et juillet 2025 par rapport à la même période l’année précédente alors que les importations de biens stagnent en valeur sur la période) qui pourrait laisser présager un phénomène de « déversement » de la production chinoise dans les pays européens. Le phénomène est cependant pour le moment quantitativement limité, de l’ordre de 0,1 point de PIB.
3 Vers un rebond technique au deuxième semestre dans un contexte marqué par la guerre commerciale
Un certain nombre d’éléments suggèrent un rebond technique des exportations au deuxième semestre 2025. Cette embellie s’expliquerait par la livraison de matériels de transport, essentiellement des avions et un navire, déjà produits. Elle aurait pour miroir une variation des stocks de produits finis à la baisse et n’aurait donc pas d’impact sur la croissance du PIB. La croissance des exportations serait de 1,2% au troisième et au quatrième trimestre 2025 tandis que la contribution de la variation des stocks à la croissance du PIB serait négative lors de ces deux trimestres 1.
1 L’INSEE table lui sur une progression plus forte, de 1,4% au troisième trimestre puis 2,6% au quatrième, mais là aussi sans impact sur la croissance en raison d’un mouvement contraire de la variation de stocks.
En 2026, la forte incertitude générée par la guerre commerciale nous conduit à adopter des hypothèses relativement neutres pour la prévision, résumées dans le graphique 1. Les exportations progresseraient un peu moins rapidement que la demande adressée en raison d’une composition sectorielle relativement défavorable et d’une dégradation de la compétitivité prix consécutive à la hausse de l’euro. Les importations progresseraient plus rapidement que le PIB en raison d’une composition de la croissance favorable aux composantes à fort contenu en importations. La contribution du commerce extérieur à la croissance serait positive en raison d’un acquis favorable à la fin 2025. Les termes de l’échange resteraient à leur niveau actuel.