Le marché du travail américain est au coeur de toutes les attentions à la fois parce que ses évolutions pourraient renseigner de la situation conjoncturelle mais aussi parce qu’il jouera un rôle important pour l’orientation de la politique monétaire dans les prochains mois. A cet égard, la dynamique récente témoigne d’une légère dégradation de la situation. La hausse du taux de chômage est certes modérée mais les créations d’emploi au deuxième trimestre 2025 ont atteint leur plus bas niveau depuis 2020. Alors que l’économie américaine a créé en moyenne un peu plus de 500 000 emplois par trimestre depuis mi-2023, ce chiffre est retombé à 280 000 au deuxième trimestre 2025 et pourrait être encore plus bas au troisième trimestre d’après les premières données sur l’emploi de juillet et d’août. Dans l’ensemble des secteurs industriels privés, il y a même des pertes d’emplois et les créations semblent surtout concentrées dans le secteur de l’éducation et la santé selon les chiffres de l’Establishement survey publiés par le BLS (Bureau of Labor Statistics).
Ce ralentissement ne semble pas s’expliquer par des licenciements plus importants puisqu’en pourcentage de l’emploi total, le taux de licenciement est stable depuis le début de l’année 2021 et oscille entre 0,9 et 1,2% (graphique 1). C’est donc surtout le nombre d’offres d’emplois qui est en repli depuis mars 2022 où ce nombre avait atteint un pic historique à 7,4% de l’emploi total. Il en avait résulté des tensions importantes sur le marché du travail(a). Ainsi, l’augmentation du taux de chômage de près de un point observée depuis un point bas à 3,4% en avril 2023 résulte en grande partie de cette baisse des offres d’emploi même si elle a sans doute été contenue par la baisse du taux de démission et du taux d’activité(b)(c).
Nous anticipons cependant la poursuite de la dégradation de la situation sur le marché du travail avec une stabilité de l’emploi total sur les trois prochains trimestres. La croissance de l’emploi salarié poursuivrait la baisse observé depuis 2022. En moyenne annuelle, elle passerait alors de 1,3 % à 0,9% en 2025 puis 0,4% en 2026.
Le ratio d’offres d’emplois sur le nombre de chômeurs avait alors atteint un pic à 2. Il se situe désormais autour de l’unité.
Entre mars 2022 et août 2025, le taux de démission est passé de 3% à 1,9%.
Le taux d’activité, qui mesure la part de la population active dans la population en âge de travailler a baissé de 0,5 point depuis novembre 2023.