Entre fin 2019 et mi-2025, le taux d’épargne des ménages en France a augmenté de 3,9 points de revenu, passant de 15 % du RDB à 18,9 % du RDB. Si la crise du Covid a été marquée par un phénomène d’accumulation inédit d’épargne grâce au maintien du revenu du travail et à une consommation limitée du fait des confinements, depuis, le taux d’épargne n’est jamais revenu à son niveau moyen de la décennie 2010. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette hausse (graphique 1)(a).
Une première explication tient au retour de l’inflation en 2022 et 2023 : la hausse générale des prix a réduit la valeur réelle du patrimoine financier des ménages, ce qui a pu les inciter à épargner davantage afin de compenser cette « taxe inflationniste ». À cette période, plus de la moitié de la hausse du taux d’épargne par rapport à fin 2019 s’expliquait par l’inflation. Sa contribution diminue depuis 2024 avec le reflux de l’inflation.
Parallèlement, l’augmentation des taux d’intérêt à partir de 2022 a freiné la consommation, en renchérissant le coût des crédits à la consommation. Ainsi, depuis mi-2023, les taux d’intérêts contribuent positivement à la hausse du taux d’épargne par rapport à la période pré-Covid ; ils en expliquent un tiers au 2ème trimestre 2025.
Les gains de pouvoir d’achat enregistrés depuis le 3ème trimestre de 2023 ont également soutenu la hausse du taux d’épargne. En effet, si à long-terme la consommation en volume est indexée unitairement sur le revenu réel, à court terme, les chocs positifs de pouvoir d’achat se traduisent d’abord par une augmentation transitoire de l’épargne, car il existe un délai entre un choc sur le revenu et sa transmission à la consommation.
Les effets de structure des revenus ont eux-aussi favorisé l’augmentation du taux d’épargne au niveau macroéconomique depuis 2019. En effet, les différentes composantes du revenu des ménages ne sont pas consommées dans les mêmes proportions. En particulier, les revenus financiers sont proportionnellement plus épargnés que les autres types de revenus, et sont majoritairement détenus par des ménages plus aisés, qui épargnent plus. Or, entre fin 2019 et fin 2024, la part des revenus du patrimoine financier dans le RDB n’a cessé d’augmenter, passant de 6,1 % du RDB à 8,1 % du RDB. Mi-2025, elle contribue à hauteur de 1,3 point de revenu à la hausse du taux d’épargne par rapport à son niveau d’avant crise sanitaire.
Une autre explication est liée aux effets démographiques et au vieillissement de la population. Les jeunes ayant un taux d’épargne plus faible, leur moindre poids dans la population accroît mécaniquement l’épargne globale.
Enfin, l’incertitude peut conduire les ménages à différer leurs décisions de consommation, renforçant ainsi l’épargne. Le résidu positif observé à partir de fin 2024, au moment de la montée de l’instabilité politique, et qui s’accroît en 2025, pourrait résulter de cette incertitude.
(a) : Pour plus d’informations, voir Briodeau (2025), « Les déterminants du taux d’épargne dans les pays développés », Revue de l’OFCE, n.191 octobre.