Perspectives 2025-2026 pour l’économie française

conjoncture
déficit public
politique budgétaire
politique monétaire
taux souverain
inflation
France
Autrices, auteurs & résumé
Par
Affiliations
Mathieu Plane
Elliot Aurissergues
Clémence Briodeau
Bruno Coquet
Sandra Daudignon
Magali Dauvin
Eric Heyer
Pierre Madec
Raul Sampognaro
Publié le

15 octobre 2025

Modifié le

28 octobre 2025

Entre fin 2019 et mi 2025, dans le secteur marchand non agricole, l’emploi salarié a progressé de 5,8 % et la valeur ajoutée a crû que de 6,6 %, révélant des gains de productivité du travail. Ainsi, la productivité par tête se situe près de 0,8 % au-dessus de son niveau pré-covid (le constat est le même pour la productivité horaire). Selon nos calculs, compte tenu de l’évolution de l’activité, et de la productivité tendancielle pré-crise (+ 0,9 % en rythme annuel, voir Ducoudré et Heyer (2017)1), seuls 250 000 emplois auraient dû être créés depuis fin 2019. Or, un million d’emplois ont été créés en cinq ans et demi, soit un écart de près de 750 000. Selon la methodologie de Heyer (2023) et Coquet et Heyer (2025)2, les pertes de productivité s’expliquent pour plus des trois quarts par des facteurs identifiés : accroissement des effectifs d’apprentis, soutiens publics apportés aux entreprises depuis la crise de la Covid, baisse du coût réel du travail et, dans une bien moindre mesure, baisses passées de la durée du travail et du taux de chômage (graphique 1).

1 Ducoudré B. et É. Heyer, 2017, « Quel nouveau sentier de croissance de la productivité du travail ? Une analyse pour six grands pays développés », Revue de l’OFCE, vol. 152, n° 3.

2 Voir la méthodologie dans E. Heyer, 2023, «  Comment expliquer l’évolution de l’emploi salarié depuis la crise Covid ? Une analyse économétrique sur données macro-sectorielles », Revue de l’OFCE, n° 180, (2023/1). Pour davantage de précisions sur les déterminants de la faiblesse de la productivité ces dernières années et sur sa récente dynamique, voir B. Coquet et E. Heyer, 2025, « La Productivité retrouve des couleurs », Policy Brief de l’OFCE, n° 142, avril.

Graphique 1. Décomposition des évolutions de l’emploi depuis 2019

Bien que la croissance ait été plus riche en emplois qu’attendu — compte tenu de l’évolution conjointe de la valeur ajoutée marchande et de la tendance de productivité —, la productivité par salarié du secteur marchand non agricole a retrouvé, depuis un an, un niveau supérieur à celui d’avant-crise (graphique 2).

Cette dynamique d’emplois plus soutenue qu’ailleurs a contribué à creuser l’écart de productivité entre la France et la zone euro (hors France), écart qui a culminé au 3ᵉ trimestre 2022. Depuis, la productivité française a progressivement rattrapé son retard, si bien que la différence avec la zone euro ne représente plus que 1,6 point au 2e trimestre 2025. Ce rattrapage tient autant à l’amélioration de la productivité en France qu’à un essoufflement des gains de productivité en zone euro entre le 3ᵉ trimestre 2022 et le 1ᵉʳ trimestre 2024.

Graphique 2. Un écart de productivité avec la Zone euro fortement réduit